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Devenir acteur des énergies renouvelables

« Il faut avancer de façon mesurée et avec doigté car nous investissons pour les 20 ou 25 prochaines années », déclare le président Bernard Guillard (à dr.), au côté du DG sortant, Ludovic Spiers.

Ce secteur en plein essor est stratégique pour les entreprises qui souhaitent décarboner leurs activités et consolider la production agricole sur leurs territoires, à condition de bien gérer les différents obstacles.

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Les entreprises de l’appro-collecte ont-elles une place à prendre dans le secteur des énergies renouvelables (ENR) ? Quels devraient être leur rôle et leur positionnement, notamment vis-à-vis de leurs métiers historiques et de leurs partenaires agriculteurs ? La question se pose parfois crûment pour les acteurs de terrain alors que la plupart des ENR matures concernent de près ou de loin la production agricole avec de l’appétence pour son foncier ou sa biomasse. Les ENR ont d’ailleurs parfois pris un rôle central dans l’investissement des agriculteurs, à l’image du financement des bâtiments par les loyers de toiture pour l’exploitation photovoltaïque.

1 Un positionnement clé

Dans le domaine des ENR, les coopératives et les négoces forment une des principales courroies de transmission auprès des chefs d’exploitation. « Ces entreprises ont un vrai rôle à jouer en tant que facilitateurs, spécifiquement pour la mise en œuvre des projets en agrivoltaïsme », estime Jean-Étienne Colin, développeur territorial chez l’énergéticien Boralex.

S’agissant du secteur du biogaz, ce maillon peut également accompagner la mise en culture, la collecte ou même le trading de matières méthanogènes agricoles, en conformité avec la réglementation. Cependant des tensions existent autour de l’approvisionnement en biomasse avec des compétitions d’usages à bien anticiper.

2 Des besoins à sécuriser

Coops et négoces sont également incités à chercher une forme de souveraineté dans leurs approvisionnements d’énergie décarbonée en quantité, qualité et prix. En effet, la flambée des coûts de l’électricité a pu mettre en danger certaines structures en 2022 et les cours sont restés assez fermes depuis lors. Les énergies renouvelables offrent dans ce contexte une possibilité de sourcing local avec des prix fixes. « L’outil de contractualisation le plus utilisé en ce sens est le PPA (power purchase agreement) », explique Jean-Étienne Colin. Associé à des projets locaux bien identifiés et structurants sur le territoire, il permet de créer des circuits courts de l’énergie. Maïsadour a ainsi contractualisé des PPA, notamment dans le secteur éolien. D’autres entreprises investissent directement dans les projets. Cristal Union s’est engagée aux côtés de Total énergies pour prendre 10 % de participation au capital d’un méthaniseur qui valorise les coproduits de l’une de ses sucreries. La Cafel a investi il y a une vingtaine d’années directement dans un parc éolien. Pour gérer ses effluents d’abattoirs, Elivia, filiale de Terrena, vient d’annoncer un projet de méthaniseur.

3 Prime à la facilité

Sur les exploitations agricoles, les projets sont réalisés préférentiellement là où ils sont les plus faciles à mettre en œuvre et avec les perspectives de rentabilité les plus fortes. Le spectre des exploitations « intéressantes » se resserre lorsque s’additionnent des contraintes de coût de raccordement, d’ensoleillement, de vent, de gisement méthanogène, de circulation… Les restrictions réglementaires locales ou nationales toujours mouvantes sont également des mailles supplémentaires. Les modèles économiques sont ainsi régulièrement rebattus. Des opérateurs peu scrupuleux font aussi parfois signer des propositions alléchantes dans le but de « bloquer du foncier », quand bien même les chances d’aboutir sont faibles. Dans ce marasme, les coopératives et négoces n’osent pas toujours s’impliquer, d’autant plus que les projets concernent souvent une minorité de leurs partenaires agriculteurs.

4 Aménagement du territoire

Le sujet des énergies renouvelables est assez clivant sur les territoires et aucune des énergies renouvelables agricoles ne fait encore l’unanimité. Cependant, il apparaît que les agriculteurs sont rarement les plus difficiles à convaincre. D’autant que des aménagements de voirie, des clôtures et des opérations de surveillance peuvent même dans certains cas leur être profitable.

5 Crise de la demande

La politique de l’offre a parfois tellement bien fonctionné que, dans certaines situations de pleine production (en solaire notamment), les prix de l’électricité sont devenus ponctuellement négatifs. Ces incidents ont poussé à une révision à la baisse des tarifs réglementés d’achat de l’électricité photovoltaïque. Pour continuer d’avancer et espérer atteindre les objectifs de croissance, il faudrait désormais également pouvoir mieux piloter ces énergies et susciter une demande capable d’absorber les pics de production.

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